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C’EST BEAUCOUP TROP « POUR DEMAIN ! »

Pardonnez-moi, mais je ne peux pas m'empêcher de réagir à l'initiative du collectif « et demain ? », Collectif qui rassemblent dans une vidéo, 350 personnalités artistes, sportifs et journalistes autour d’une chanson intitulée « et demain ? », visant à récolter des fonds pour les hôpitaux de Paris.

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Si, une telle démarche artistique est, comme la plupart du temps, complètement sincère (et je ne doute pas que la majorité des artistes qui s’affichent sur cette vidéo, font preuve de la plus grande sincérité), je ne peux que m'interroger sur le fond de la démarche.

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En effet quel sens profond, cette initiative collective, nous transmet ? Vous me direz « c'est évident ! l'objectif est de récolter de l’argent qui servira à équiper correctement les soignants des hôpitaux et les équipes confrontés au covid 19 ! » La démarche, à priori, est donc louable, pleine de bon sens et de bienveillance, cherchant à réveiller les consciences.

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D’accord, ça c’est le signifiant, « l’image » que ces personnalités transmettent. Mais qu’en est-il en vérité du « signifié » ? que nous disent-ils en vérité, de plus ?

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Que des personnalités soient obligés de se réunir à 350, pour pouvoir mobiliser et sensibiliser « les Français » sur un problème majeur, qui normalement relève du service public et de la solidarité nationale me plonge dans un désarroi profond.

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Quel message, ces personnalités sont-elles en train de nous envoyer ?

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Ne viennent-elles pas, au fond, nous dire « qu’il faut admettre qu'aujourd'hui dans notre société, les budgets consacrés à la santé, comme d'autres budgets majeurs, soient sacrifiés sur l’autel de la rentabilité et de l’austérité » ?

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Qu’en admettant que « nos impôts servent à financer autres choses1 que des domaines aussi prioritaires que la santé », nous devons consentir, dans une sorte de fatalité, « cet état de fait » si je puis dire... un État qui se désintéresse de la solidarité nationale ?

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Alors allons-y de bon cœur ! Faisons la charité ! Puisque ces secteurs essentiels peuvent, aujourd'hui, être amputés d'une grande partie de leurs moyens sans que nous relevions un seul sourcil. Ceci d'une manière si manifeste, si impudique ! «Le choix politique » en est acté ici ! et accordé  « dans une belle mélodie bienveillante » ! Mais bienveillante, au delà des apparences, envers qui ? Certainement pas envers les soignants qui réclament « à corps et à cris » depuis des lustres que l’État n’abandonne pas l’hôpital public et ses professionnels !

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Le domaine de la santé ne relève donc plus de la responsabilités de la nation, d’un budget provisionné par nos impôts. Nous voilà repartis, dans un mouvement réactionnaire, à une époque où la santé et la misère des indigents était l’affaire de « charité chrétienne » et le pré carré d’une classe dominante, bourgeoise, bien entendu, qui distribue son aumône, à son gré ! Nous voilà replongés dans « GERMINAL » ?

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D'ailleurs, je peux observer dans cette vidéo, qu'un certains nombres de ces personnalités ne sont pas « des intermittents du spectacle » mais bien des individus qui, aujourd'hui peut-on le dire, appartiennent à cette classe dominante et vivent confortablement de leurs revenus, qu'ils estiment avoir légitimement gagnés. Je peux même dire que parmi ceux-ci, un certain nombre ont fait le choix de diverses formes de « défiscalisation » afin de payer le moins d'impôts possible. N’est-ce pas une réalité ? Ces artistes peuvent-ils le nier ?

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Ainsi, non pas à travers la chanson et son texte qui véhiculent une idée de solidarité, mais à travers la renommée de ces artistes et leur positionnement social, cette initiative vient nous dire autre chose ! parce qu’évidemment faire le choix de payer le moins d’impôts possible est un positionnement social et politique, qu’un certain nombre de ces personnalités affichent ouvertement !

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Ils nous informent, ainsi inconsciemment, sur leur choix de société. Choix, qu’ils véhiculent de façon subliminale, à travers cette vidéo.

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Aucun mot n’est prononcé pour défendre le service public, pas même dans le texte d’introduction. Il y a même, de toute évidence, une volonté de ne pas envoyer le moindre message politique ! Une volonté de ne pas prononcer le moindre jugement sur les choix politiques fait depuis les 50 dernières années !

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Il ne s’agit pas de faire appel à la raison, à la réflexion et à l’intelligence de chacun ! Il s’agit de « sourire encore ! s’aimer encore ! s’embrasser plus fort ! Pleurer encore ! Souffrir encore ! Et tenir encore ! Et chanter plus fort ! Et saigner encore !» Bref réveiller à coup de clairon, un marécage d’émotions ! Encore et toujours  les émotions, rien que les émotions ! Avec l’idée implicite que « donner » pour la Fondation des hôpitaux de Paris, c’est permettre de remercier les soignants et par la même occasion, se sauver soi-même « des sables mouvants de la misère médicale » dans laquelle nous plonge le coronavirus !

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N'hésitez pas à me laisser vos commentaires, à apporter votre soutien à ce texte, si vous êtes d'accord ou à exprimer votre désaccord avec mes arguments. Je vous apporterai bien sûr une réponse. Bien à vous.

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Benoit Albert Claude

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La priorité de ces personnalités, volontairement ou involontairement, n’est pas de défendre une certaine solidarité nationale, exprimée à travers une défense de la sécurité sociale et des services publics (dont notamment la santé), mais de faire appel aux affects et de « saisir à pleines mains », les tripes de toute la population pour la rassembler dans un élan de solidarité individuelle sous forme de dons. Oui, j’ai bien dit « individuelle » !

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Il ne s’agit plus de se rassembler, s’associer pour créer des mécanismes collectifs de solidarité, auxquels tous souscrivent dans la compréhension d’une nécessité impérieuse (cela s’appelle la sécurité sociale), mais d’inscrire « les gens du secours » (pour paraphraser une chanson de circonstance) dans une rétribution charitable ! L’engagement individuel remplace donc l’engagement collectif, dans une société libérale à laquelle adhère un grand nombre de ces personnalités et à laquelle ceux-ci participent amplement, à leur manière.

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Le message subliminal est donc très clair. C'est pourquoi je tiens à travers cette prise de parole à exprimer toute ma colère et mon indignation. Non pas une indignation dirigée vers « l'élan de solidarité en lui-même », mais contre « le sens politique » que cet élan exprime de façon inconsciente, alors même que la démarche se veut en apparence, hors de tout propos politique.

Je n'y participerai donc pas en tant que citoyen, non pas « parce que je me fous complètement de la situation des soignants et des malades ». J'en suis moi-même très préoccupé !

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Ma préoccupation s’inscrit dans une démarche militante où je me bats à ma façon, au côté des professionnels de la santé qui la dénoncent. Parce qu’il est essentiel d’agir pour qu’à nouveau l’état remplisse les fonctions pour lesquelles il est assigné ! c’est une question vitale pour chaque membre de ma famille, mes amis, mes voisins et chacun d’entre-nous ! Je me sens particulièrement concerné parce que dans mon entourage, des femmes et des hommes sont constamment sur le terrain, confrontés « au risque du coronavirus » pour pouvoir continuer à faire vivre la solidarité auprès des « plus fragiles » et exercer leur métier tout simplement ! Et que je tremble à l’idée qu’un seul d’entre-eux tombent malades et risquent d’en mourir. Mais leur donner les moyens de travailler ne relève pas de la charité chrétienne, mais bien d’une politique public qui doit être défendue et renforcée le plus rapidement possible !

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A travers le titre de sa chanson « et demain ? », l’auteur nous invite à nous questionner sur l’avenir. Peut-être, doit-je y voir là un petit espoir ? une forme d’ouverture et de questionnement ? d’appel à la révolte ?… tristement non !

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Dois-je espérer qu’enfin une réflexion émerge, lorsque l'auteur de la chanson évoque subrepticement, les manifestations de tout le personnel soignant dans les rues, matraqués, humiliés, violentés par une police répressive aux ordres d’un État qui n’avait alors que mépris pour ces professionnels ?… tristement non !

Dois-je lire dans ces quelques lignes : « demain on fera quoi ? » « Et demain ce sera nous Les maîtres du jeu, un point c’est tout… » les prémices2 d'une volonté de changement qu’il espère porter à travers ses mots ? Peut-être... ?

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Toutefois il m'est permis d’en douter, lorsque je vois dans ce collectif, un certain nombre des personnalités qui ont soutenu assez ouvertement des hommes politiques qui sont responsables de la dérive de tout le secteur de la santé. On ne pactise pas d’un coté, avec des hommes politiques à l’origine d’une politique libérale prédatrice qui vide volontairement les services publics de leurs substances pour les transformer en entreprises rentables, et de l’autre avec une « certaine idée de la solidarité » !

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Il y a là, un dévoiement de la pensée qui est insupportable ! d’autant plus qu’il avance caché !

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Ce « en même temps » est détestable et ne fait qu’apporter inconsciemment de la confusion dans l’esprit de chacun !

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Il est grand temps de produire autre chose que de « la charité chrétienne » qui donne bonne conscience à certaines personnalités qui se mettent « sur le devant de la scène », tout en se détournant volontairement les citoyens, des causes profondes de cette crise sanitaire ! Non ma solidarité ne s’exprimera pas de cette façon et ne véhiculera pas ce message subliminal !

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Il y a assez d’un virus ! Deux c’est trop ! c’est beaucoup trop !


 

Benoît Albert Claude

benoit-albert-claude.aci@orange.fr


 

1 Comme par exemple la défense nucléaire ou des transfusions financières massives aux grandes entreprises et leurs actionnaires.

2On pourrait l’écrire aussi « prémisses », les deux sens sont valables dans ce cas de figure… parce que de tout argument découle une conséquence… ici celle de changer de système politique...

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